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EUR 5,95
L'honorable général Sternwood a des ennuis avec ses filles. Vivian, l'aînée, boit sec et perd beaucoup d'argent dans les salles de jeux. La cadette, Carmen, est nymphomane. Un libraire, Geiger, fait chanter le général au sujet des dettes de Vivian. Excédé, le riche vieillard fait appel au privé Philip Marlowe. En visitant la librairie de Geiger, le détective voit Carmen entrer chez lui. Trois coups de feu claquent. Dans une pièce aménagée en studio photo, il découvre la jeune fille nue et droguée, le maître chanteur mort à ses pieds.
Dans ce chef-d'oeuvre du roman noir, Philip Marlowe, qui deviendra l'archétype du détective privé, apparaît pour la première fois. Son enquête contient une critique féroce de la corruption et de ceux qui en vivent. À travers Marlowe, c'est Chandler qui porte un regard sans concession sur la riche société californienne, un milieu dominé par des êtres dégénérés ou corrompus. L'adaptation cinématographique d'Howard Hawks, avec Humphrey Bogart et Lauren Bacall, est également un classique du genre. --Claude Mesplède
Marlowe face à l'énigme des soeurs Sternwood
Le grand sommeil , écrit en 1939, est le premier roman de Raymond Chandler et le début des aventures de son héros désormais légendaire : le détective privé Philip Marlowe. Dans cette oeuvre, le célèbre enquteur a pour mission de démler une sombre affaire de chantage à la demande du vieux général Sternwood. L'intrigue demeure savamment construite autour du mystère des deux filles de ce dernier, Vivian, qui s'adonne à la boisson, et Carmen, la sulfureuse, dont la triste réputation fait l'objet dudit chantage, et non loin desquelles gravite l'inquiétant univers du banditisme... Au demeurant, cet ouvrage reste une oeuvre clef de la littérature noire.
Sommet du roman noir Ce premier roman de Raymond Chandler (cinquante ans à l'époque) est évidemment un classique absolu du roman noir, tellement imité, copié, plagié que ses innovations ne paraissent plus évidentes qu'aux historiens du genre. Je ne vanterai pas ici les incroyables mérites du roman (la complexité de l'intrigue, le portrait définitif du privé de L.A., l'audace de ses dialogues) mais me contenterai de rappeler les points de nuance avec Le Grand sommeil, film tout aussi définitivement classique, qu'ont tiré Chandler et Hawks du roman.Nos deux génies ont en effet d composer avec le Code qui régissait Hollywood. Au risque de la confusion, le meurtrier de Regan, le mari de Vivian, l'anée des soeurs Westwood, n'est pas aussi clairement identifié que dans le roman. L'accent mis par Hawks sur Lauren Bacall-Vivian a encore accentué l'effacement de Carmen, la cadette : exit sa nymphomanie, exit sa toxicomanie, exit la nudité dans laquelle elle se trouve lorsque Marlowe découvre le corps de Geiger. Ce mme Geiger n'avait guère la possibilité de fournir un personnage intéressant ; vendeur de livre pornographiques, homosexuel : il ne pouvait qu'tre travesti par Hollywood (si j'ose dire). Et pourtant, en dépit de ces adaptations, le film de Hawks est admirablement fidèle à la subtilité, à la noirceur et à la classe de Chandler.
Le Grand Sommeil est un roman que tout amateur de polar se doit de posséder, pour au moins deux raisons majeures :- son style inimitable, avec des métaphores devenues légendaires, et une narration pleine de nuances et de subtilités dans une ambiance unique,- un personnage qui reste, plus d'un demi-siècle plus tard, la référence absolue et le modèle définitif du privé aussi charmeur que bagarreur.Alors bien sr, on a fait plus nerveux depuis, plus violent aussi, plus osé également mais les 60 années écoulées depuis sa sortie n'ont entché en rien le charme vénéneux et insidieux de ce grand classique.