jeudi 8 septembre 2011

Il était une fois en Amérique de Sergio Leone


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This review is from : Il était une fois en Amérique de Sergio Leone
Le thétre d'ombres et l'oeuvre du temps .

Il est des oeuvres auxquelles on revient sans cesse. Lorsqu'il s'agit de cinéma ou de musique, il y a toujours un moment, pour moi, où je dois me confronter à ce que les autres en pensent, ou plus exactement en disent. Les mots m'ont toujours semblé primordiaux, non pas parce qu'ils pourraient d'une faon ou d'une autre remplacer une tapisserie sonore ou visuelle, mais parce qu'ils aident à fixer, à rendre les choses moins fuyantes, et finalement plus présentes. Sans se substituer une seule seconde à l'acuité de la perception des images et/ou des sons, ils les rendent plus vifs encore. Sans parler du sens, qu'ils peuvent le cas échéant contribuer à exprimer ou à clarifier.Lire sur le cinéma, c'est donc pour moi un plaisir et une nécessité. Et c'est avec une joie sans mélange que je me rendis compte que sortait une étude de Once Upon a Time in America / Il était une fois en Amérique dans l'excellente collection "Cté films" de l'éditeur belge Yellow Now, signée de Jean-Marie Samocki, écrivain de cinéma qui m'était inconnu. Le dernier film de Sergio Leone (1984), indéniablement un des sommets de son oeuvre, faisant pour moi partie de ces films dont je ne me lasserai très certainement jamais et qui, fait heureux, suscite souvent des textes inspirés.C'est le cas ici. Sous la forme d'une étude assez libre, qui n'emprunte pas tous les passages obligés et ne cherche pas à baliser l'oeuvre de faon scolaire, ce petit livre d'une centaine de pages (dont une trentaine consacrée aux seules illustrations) rentre dans le vif du sujet dès ses premières pages. Le premier chapitre annonce non seulement la couleur - il s'intitule 'Depuis la mélancolie' - mais propose déjà de nombreuses pistes. A vrai dire, le début de cet ouvrage, très dense, fait craindre une analyse qui chercherait à ramasser trop d'aspects et d'éléments en peu de pages, obscurcissant de ce fait le propos. Il n'en est rien, et la densité du propos initial laisse la place à une analyse assez limpide, qui ne tombe pas dans le délayage pour autant. On peut revenir au début après une première lecture, il semblera plus aisé à démler.De faon attendue, Samocki étudie ce film comme on l'a souvent fait: une oeuvre mélancolique, sur une certaine constitution de l'Amérique mais aussi et surtout sur le temps, ses effets, le vide qu'il crée autour de lui. Le sous-titre qu'il a choisi pour son livre en dit déjà long: "Le temps ou nous rvions" (référence au livre de Richard Powers, Le temps où nous chantions, à n'en pas douter). Personnage d'un thétre d'ombres, Noodles (Robert de Niro) est étudié dans son rapport à l'autre (les personnages interprétés par James Woods et Elizabeth McGovern, Max et Deborah, essentiellement) et au temps. Perdu dans les limbes d'un présent immuable, que créent en partie la structure du récit et sa chambre d'échos, Noodles est également vu comme un individu représentatif de la nouvelle Amérique, homme sans qualités à l'identité problématique. Samocki montre remarquablement ce qui pourrait bien tre le fond de la vision et de la méthode de Leone, qui fait de ce film le frère de ses précédents: les mythes, tout en étant recyclés, ont sans doute perdu de leur puissance et de leur portée et les choix de représentation du film consistent à les mettre à mort après les avoir réactivés. D'où la sensation qu'on à affaire à un film-monde, qui tiendrait de la fresque romanesque ou du grand opéra XIXème siècle, qui exalterait tout en proposant une vision intime et désenchantée du monde.Mis à part quelques assertions discutables - en particulier lorsqu'il étudie la postérité du film dans le cinéma américain des 20 dernières années - cette étude est à la fois précise, personnelle, toujours intéressante et souvent très pertinente. Les photogrammes sont idéalement choisis et parfaitement reproduits. Je ne peux qu'enjoindre tous les amoureux de ce film à se procurer cet ouvrage très réussi. La preuve de sa réussite réside aussi dans le fait qu'on n'a qu'une idée après l'avoir terminé: revoir le film, en étant certain que l'expérience sera encore un peu autre cette fois-ci.Pour finir, j'assortis ce commentaire de quelques remarques et conseils autour de cet ouvrage:1) L'édition blu-ray sort aux Etats-Unis en janvier 2011, on devrait pouvoir en bénéficier ici très prochainement, j'imagine.2) J'engage les anglophones qui souhaiteraient lire plus amplement sur ce film à ne surtout pas hésiter à se procurer l'étude d'Adrian Martin parue il y a quelques années dans la collection Modern Classics du BFI: Once upon a Time in America. L'approche anglaise est plus classique et plus contextualisante, et elle constitue un complément parfait à l'étude de Samocki.3) Au mme moment sort une étude sur Il était une fois dans l'Ouest, par Philippe Ortoli, dans la collection "Cinéphilie" des éditions de la Transparence, que je n'ai malheureusement pas encore eu le temps de lire.4) Les amateurs de Sergio Leone connaissent sans doute déjà les Conversations avec Sergio Leone de Nol Simsolo, parfaitement indispensables.5) Pour avoir une très bonne petite étude de tous les films de Leone, on peut se diriger vers le Sergio Leone de Jean-Baptiste Thoret.6) Tous ceux qui voudraient lire sur le jeu d'acteur, parent souvent très pauvre des études filmiques, auraient tout intért à acquérir ce livre qui a fait date, qui arrive à caractériser de faon souvent précise et passionnante le jeu d'acteur de ceux qui furent des géants, Al Pacino et Robert de Niro: Pacino/De Niro : Regards croisés, de Christian Viviani et Michel Cieutat. Si l'on était frappé d'amnésie, on pourrait oublier à quel point De Niro était presque constamment admirable - lchons le mot, génial - à l'époque, tant il n'est plus que l'ombre grimaante de ce qu'il fut. Revoir ses films du milieu des années 70 au milieu des années 80, dont Once Upon a Time in America bien sr, c'est se faire quelques piqres de rappel... et cela permet de constater à quel point il n'y a pas que le personnage de Noodles que le temps a maltraité, hélas!7) Il s'agit là du 18ème ouvrage de cette collection, globalement de très bonne qualité (sur la petite moitié que j'ai lue). On y trouve des études sur des films aussi différents que Le Miroir, d'Andre Tarkovski, En présence d'un clown, d'Ingmar Bergman ou Mulholland Drive, de David Lynch. Comme la plupart des collections de ce type sont défuntes dans l'édition franaise (hormis celle des Editions de la Transparence citée plus haut), remercions nos amis belges de (très bien) faire le travail.


Product Details

EAN : 9782873402709
Weight : 1 pounds
Height : 1 inches
Length : 7 inches
Width : 5 inches
Author : Jean-Marie Samocki
Binding : Broché
Manufacturer : Yellow Now
PublicationDate : 2010-11-27
Publisher : Yellow Now
SKU : 2873402709LN
Studio : Yellow Now

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