Prix : EUR 59,95
This review is from : Fritz Lang au travail
Langopolis .
S'il est regrettable qu'il faille attendre de grandes rétrospectives couplées à des expositions pour avoir droit aujourd'hui à de beaux livres ambitieux sur l'histoire du cinéma, on ne peut que se féliciter que les institutions comme la Cinémathèque franaise suscitent aujourd'hui de tels livres de la part des éditeurs, souvent frileux - il faut dire qu'on les comprend, vu la modestie des ventes. Mme devenus plus rares, ils sont souvent du niveau requis en termes d'écriture et de confection. Autant dire que ce n'est pas ce "Fritz Lang au travail" qui fera exception, tant il fait figure de modèle du genre.Après Hitchcock au travail et Orson Welles au travail, tous deux formidables, les Cahiers du cinéma dédient donc un nouvel ouvrage à un cinéaste majeur, permettant de rentrer dans la fabrique du cinéma, qui tout en éclairant de nombreux aspects de la vie et de l'oeuvre de l'auteur se concentre sur la conception, la production, la réalisation et la réception des films.Bernard Eisenschitz était sans doute le guide idéal pour nous mener dans les coulisses de la création d'un cinéaste comme Fritz Lang. Traducteur émérite, de l'allemand comme de l'anglais - il reste un des tout meilleurs traducteurs et concepteurs de sous-titres, voire se situe plusieurs coudées au-dessus de nombre de ses confrères - il connat cette oeuvre comme à peu près personne. Et il est d'une précision redoutable dans le travail sur les sources et les archives, comme sur les références historiques et culturelles.Le résultat est en tout point à la hauteur des attentes. La période allemande comme la période américaine sont éclairées chronologiquement, sans chichis, mais avec un luxe de détails qu'Eisenschitz sait ordonner sans jamais se noyer dans la masse. Il fait évidemment un sort - mais toujours en restant dans le cadre du rapport à la création, mme assez large - à son rapport avec les femmes (Thea von Harbou, Joan Bennett...) et aux légendes ou demi-vérités que Lang a colportées lui-mme après son départ pour les Etats-Unis en 1934. A commencer par les conditions de son départ de l'Allemagne nazie, qui selon lui aurait immédiatement suivi une rencontre avec Joseph Goebbels, admirateur de ses "Nibelungen", qui lui aurait proposé les clés du cinéma allemand, alors mme que le pouvoir voyait d'un mauvais oeil Le Testament du Dr. Mabuse. Eisenchitz fait le point sur toutes ces questions à l'aide des sources disponibles, des plus anciennes aux plus récentes, en n'oubliant jamais de poser tout les éléments contextuels nécessaires à la compréhension.Tout cela passionne, mais plus encore la description tout aussi détaillée de la confection des films. Tout est disséqué avec minutie, de la faon dont Lang, en Allemagne, contribue à poser les bases de son art en inventant avec ses collaborateurs des solutions multiples pour des films complexes - du premier Dr Mabuse (1922) à M le maudit, en passant évidemment par Metropolis, le "film catastrophe" - à ses relations conflictuelles, faites de frustrations successives, avec les studios et les producteurs américains, et à l'invention malgré tout (les projets abandonnés, la soumission nécessaire au code de production, etc).A vrai dire, si plusieurs pages denses sont consacrées à chacun des films, on en arriverait presque à souhaiter que certains passages soient plus longs, tant on est certain qu'un certain nombre de points auraient pu tre plus développés encore. En l'état, on ne peut toutefois pas vraiment dire qu'on reste sur sa faim, car les qualités de rédaction impeccables d'Eisenschitz lui permettent de condenser le propos et de faire entrer un nombre considérable d'informations sans l'étouffer. Quant à la mise en page et à l'iconographie, elles sont tout simplement idéales. Contrairement à certains beaux livres, les photos de plateau et photogrammes, ainsi que les documents en tout genre (documents de travail, croquis préparatoires, etc) ne finissent pas par s'annuler les uns les autres à force d'empilement. Tout est admirablement clair et bien reproduit - à ceci près que la définition des photos de plateau n'atteint pas celle de ce que l'on peut voir par exemple dans Tournages : Paris-Berlin-Hollywood 1910-1939 (cf. l'extraordinaire photo du tournage de "Metropolis" dans la piscine, ici recadrée et moins bien reproduite).Reste le hic : le prix de cet ouvrage, qui semble tre devenu le nouveau prix de référence des beaux livres édités par Phadon / Cahiers du cinéma (cf. le récent Scorsese par Scorsese). Vu la qualité de l'ensemble, on ne peut qu'insister sur le fait que cela vaut plus que le coup et que personne ne devrait regretter les euros dépensés. Hélas, cela empchera sans doute nombre d'amateurs potentiels de l'acquérir. Bientt Nol : n'hésitez en aucun cas à le mettre sur une de vos listes!Si vous préférez une petite synthèse pour une première approche, vous pouvez opter pour Fritz Lang : Le meurtre et la loi de Michel Ciment. Un complément au livre d'Eisenschitz sur la question du rapport de Lang aux femmes et à la politique : Fritz Lang, Ladykiller de Jean-Loup Bourget.
Langopolis .
S'il est regrettable qu'il faille attendre de grandes rétrospectives couplées à des expositions pour avoir droit aujourd'hui à de beaux livres ambitieux sur l'histoire du cinéma, on ne peut que se féliciter que les institutions comme la Cinémathèque franaise suscitent aujourd'hui de tels livres de la part des éditeurs, souvent frileux - il faut dire qu'on les comprend, vu la modestie des ventes. Mme devenus plus rares, ils sont souvent du niveau requis en termes d'écriture et de confection. Autant dire que ce n'est pas ce "Fritz Lang au travail" qui fera exception, tant il fait figure de modèle du genre.Après Hitchcock au travail et Orson Welles au travail, tous deux formidables, les Cahiers du cinéma dédient donc un nouvel ouvrage à un cinéaste majeur, permettant de rentrer dans la fabrique du cinéma, qui tout en éclairant de nombreux aspects de la vie et de l'oeuvre de l'auteur se concentre sur la conception, la production, la réalisation et la réception des films.Bernard Eisenschitz était sans doute le guide idéal pour nous mener dans les coulisses de la création d'un cinéaste comme Fritz Lang. Traducteur émérite, de l'allemand comme de l'anglais - il reste un des tout meilleurs traducteurs et concepteurs de sous-titres, voire se situe plusieurs coudées au-dessus de nombre de ses confrères - il connat cette oeuvre comme à peu près personne. Et il est d'une précision redoutable dans le travail sur les sources et les archives, comme sur les références historiques et culturelles.Le résultat est en tout point à la hauteur des attentes. La période allemande comme la période américaine sont éclairées chronologiquement, sans chichis, mais avec un luxe de détails qu'Eisenschitz sait ordonner sans jamais se noyer dans la masse. Il fait évidemment un sort - mais toujours en restant dans le cadre du rapport à la création, mme assez large - à son rapport avec les femmes (Thea von Harbou, Joan Bennett...) et aux légendes ou demi-vérités que Lang a colportées lui-mme après son départ pour les Etats-Unis en 1934. A commencer par les conditions de son départ de l'Allemagne nazie, qui selon lui aurait immédiatement suivi une rencontre avec Joseph Goebbels, admirateur de ses "Nibelungen", qui lui aurait proposé les clés du cinéma allemand, alors mme que le pouvoir voyait d'un mauvais oeil Le Testament du Dr. Mabuse. Eisenchitz fait le point sur toutes ces questions à l'aide des sources disponibles, des plus anciennes aux plus récentes, en n'oubliant jamais de poser tout les éléments contextuels nécessaires à la compréhension.Tout cela passionne, mais plus encore la description tout aussi détaillée de la confection des films. Tout est disséqué avec minutie, de la faon dont Lang, en Allemagne, contribue à poser les bases de son art en inventant avec ses collaborateurs des solutions multiples pour des films complexes - du premier Dr Mabuse (1922) à M le maudit, en passant évidemment par Metropolis, le "film catastrophe" - à ses relations conflictuelles, faites de frustrations successives, avec les studios et les producteurs américains, et à l'invention malgré tout (les projets abandonnés, la soumission nécessaire au code de production, etc).A vrai dire, si plusieurs pages denses sont consacrées à chacun des films, on en arriverait presque à souhaiter que certains passages soient plus longs, tant on est certain qu'un certain nombre de points auraient pu tre plus développés encore. En l'état, on ne peut toutefois pas vraiment dire qu'on reste sur sa faim, car les qualités de rédaction impeccables d'Eisenschitz lui permettent de condenser le propos et de faire entrer un nombre considérable d'informations sans l'étouffer. Quant à la mise en page et à l'iconographie, elles sont tout simplement idéales. Contrairement à certains beaux livres, les photos de plateau et photogrammes, ainsi que les documents en tout genre (documents de travail, croquis préparatoires, etc) ne finissent pas par s'annuler les uns les autres à force d'empilement. Tout est admirablement clair et bien reproduit - à ceci près que la définition des photos de plateau n'atteint pas celle de ce que l'on peut voir par exemple dans Tournages : Paris-Berlin-Hollywood 1910-1939 (cf. l'extraordinaire photo du tournage de "Metropolis" dans la piscine, ici recadrée et moins bien reproduite).Reste le hic : le prix de cet ouvrage, qui semble tre devenu le nouveau prix de référence des beaux livres édités par Phadon / Cahiers du cinéma (cf. le récent Scorsese par Scorsese). Vu la qualité de l'ensemble, on ne peut qu'insister sur le fait que cela vaut plus que le coup et que personne ne devrait regretter les euros dépensés. Hélas, cela empchera sans doute nombre d'amateurs potentiels de l'acquérir. Bientt Nol : n'hésitez en aucun cas à le mettre sur une de vos listes!Si vous préférez une petite synthèse pour une première approche, vous pouvez opter pour Fritz Lang : Le meurtre et la loi de Michel Ciment. Un complément au livre d'Eisenschitz sur la question du rapport de Lang aux femmes et à la politique : Fritz Lang, Ladykiller de Jean-Loup Bourget.
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Product Details
EAN : 9782866428082Weight : 5 pounds
Height : 2 inches
Length : 12 inches
Width : 11 inches
Author : Bernard Eisenschitz
Binding : Poche
Manufacturer : CAHIERS CINEMA LIVRES
PublicationDate : 2011-10-13
Publisher : CAHIERS CINEMA LIVRES
SKU : 9782866428082olf
Studio : CAHIERS CINEMA LIVRES
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